Je suis Charlie...

8 janvier 2015





Aujourd'hui, je voulais vous montrer Londres, vous parler des bonnes résolutions du blog, des nouveaux petits projets à venir pour cette année.
Mais bien-sûr, ça m'est totalement impossible.
La futilité n'a plus sa place ni dans mon esprit, ni ici, ni nulle part ailleurs...

Moi qui viens souvent vous parler de mes émotions de voyage, des mes petits bonheurs du quotidien, il était important je crois que je vienne aujourd'hui écrire quelques petites lignes... quelques petites lignes d'indignation, d'horreur et d'infinie tristesse...

Ce début de journée du 8 janvier est presque encore plus difficile que la journée ahurissante d'hier. Parce que je me suis réveillée ce matin, et que je me suis souvenu... Parce que j'ai réalisé que ce n'était pas un simple cauchemar.
Hier nous vivions tous normalement, la journée entière aurait dû être gaie, habituelle, légère... puis la vague s'est répandue, chacun a appris, et la vie s'est transformée partout autour de nous. Personnellement je ne crois pas avoir réalisé le sens réel de ce qui se passait avant plusieurs heures. 

Mais ce matin - en me réveillant, en étant rattrapée par la rage, en ouvrant mon téléphone, en consultant les dizaines de chaînes qui circulent dans le pays, en lisant les titres du Monde, en découvrant les centaines de photos de profil "Je suis Charlie" sur Facebook, en allumant la télé, en écoutant les nouvelles d'une oreille concentrée et horrifiée, en voyant pleurer les français - j'ai cette fois pris pleinement conscience.
Entièrement conscience. Plus qu'hier encore.

J'ai peur. Comme tout le monde je crois. 
Pas peur d'eux. 
Peur de ce que l'on va devenir. Peur de cette haine partout, qui monte, qui croît...
Peur des discours sans noms, des discours abjects que l'on peut malheureusement lire sur les réseaux sociaux. Peur des amalgames. Du racisme.
Peur de la peur...
J'ai peur de ce que va devenir la vie à Paris, du quotidien lourd qui va régner sur la France, peur pour tous ces petits enfants que j'ai croisé dans la rue hier, innocents, et qui demandaient à leurs parents émus "pourquoi ils sont morts les dessinateurs?", "c'est qui Charlie maman?"...
Un dessin circule sur la toile et qui répond à cette belle question : "Charlie c'est la liberté mon chéri".
Voilà. C'est ça. J'ai peur pour notre Liberté, pour notre démocratie et pour notre monde.
Mais à la question "pourquoi"... là... je ne sais pas répondre...

Je suis choquée, attristée, interloquée, bouleversée, peinée, outrée, scandalisée...
Tout ça en même temps.

Les deux plus "belles" phrases que j'ai retenues - de toutes celles entendues hier - celles qui m'ont le plus marquée, ce sont celles-là:

"Leur prophète n'est pas Mahomet, leur prophète est Satan".
Non, ce n'est pas Mahomet, ce n'est pas en son nom que des actes monstrueux ont été commis hier. Ce n'est pas vrai. Ne salissons pas l'Islam, ne faisons pas d'amalgames idiots, je vous en supplie. 

"Ils ont voulu tuer Charlie Hebdo, ils l'ont rendu immortel".
Oui, serrons-nous les coudes, rendons hommage, descendons dans la rue, achetons Charlie Hebdo, montrons-leur que nous sommes soudés, que nous n'aurons pas peur, ni dans les jours qui viennent, ni dans les mois et années qui viendront... 
En hommage aux dessinateurs et journalistes morts pour la liberté, continuons l'humour, la caricature, prenons nos plumes, restons souriants, irrévérencieux, drôlement incorrects. 

Plus que jamais, prenons nos responsabilités, plus que jamais, nos valeurs essentielles sont d'actualité... non, elles ne sont pas mortes. 
Soyons unis, soyons solidaires, soyons humains avant tout.
Pas d'amalgames, pas de confusions, pas de stigmatisations...

Je suis Charlie. Nous sommes tous Charlie.



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